Published : May 5, 2020 10.05 pm
AuthorRoger Baldacchino
Ancien Directeur du GEIPAN - Centre national d’études spatiales (CNES)
Disclosure statement
Roger Baldacchino travaille pour le CNES Center National d’Eudes Spatiales
Traduction - Source - https://theconversation.com/videos-d-ovni-declassifiees-par-le-pentagone-decryptage-et-precisions-137857
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| Roger Baldacchino |
Le Groupe
d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEIPAN), service du Centre national
d’études spatiales (CNES), est un organisme public qui analyse les témoignages
d’observations de PAN (phénomènes aérospatiaux non identifiés) sur le
territoire français : le GEIPAN vous propose son éclairage pour mieux comprendre
cette actualité.
Le DoD explique dans un communiqué de presse :
« Le département de la Défense des États-Unis a autorisé la diffusion
de trois vidéos non classifiées de l’US Navy, l’une prise en novembre 2004 et
les deux autres en janvier 2015, ayant circulé dans le domaine public après des
diffusions non autorisées en 2007 et 2017. L’US Navy a précédemment reconnu
être à l’origine de ces vidéos circulant dans le domaine public. Après un
examen approfondi, le DoD a déterminé que la diffusion autorisée de ces vidéos
non classifiées ne révèle aucune capacité ou système sensible et n’empiète pas
sur les enquêtes ultérieures relatives aux incursions militaires de phénomènes
aériens non identifiés dans l’espace aérien. Le DoD publie ces vidéos afin de
dissiper toute idée fausse du public sur la réalité ou non des images qui ont
circulé et sur le fait que ces vidéos ne sont pas complètes. Les phénomènes
aériens observés dans les vidéos restent caractérisés comme “non identifiés”.
Les vidéos diffusées peuvent être consultées dans la salle de lecture du
Commandement des systèmes aéronavals. »
Des vidéos inédites ?
Ces trois
vidéos de phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) ont été produites en
2004 et 2015 par des pilotes de l’US Navy, grâce aux caméras infrarouges
installées dans les avions de chasse. Les images ne sont pas inédites, elles
ont été rendues publiques une première fois par la société To The Stars Academy
of Arts & Science (TTSA) et la presse américaine, entre décembre 2017 et
mars 2018. L’US Navy en avait déjà confirmé l’authenticité en septembre 2019.
Les autorités militaires ont donc décidé de les rendre accessibles à tous en
proposant leur téléchargement sur le site Internet du Naval Air Systems Command
(NAVAIR).
Ces vidéos en
noir et blanc exposent les écrans de suivi infrarouge d’avions de chasse
américains traquant des cibles inconnues dans le ciel. Chacune d’entre elles
porte un surnom : FLIR1 (Imagerie infrarouge frontale), Go Fast
(Dépêche-toi) et Gimbal (Cadran).
Trois vidéos d’Ovnis déclassifiées par le Pentagone
(BFMTV).
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| PHOTO EXTRAITE DU FILM US NAVY - UN OVNI FILME |
Sur FLIR1
(2004), une forme allongée se distingue et se déplace rapidement. En quelques
secondes après avoir été repérée par l’un des capteurs à bord de l’appareil de
l’US Navy, elle disparaît sur la gauche suite à une soudaine accélération. Go
Fast laisse apparaître une forme au-dessus de nuages.
Photo : Un des phénomènes aérospatiaux filmé par l’US NAVY.
En 2004 puis en 2015, deux phénomènes similaires se sont produits aux Etats-Unis: des pilotes ont enregistré des images de mystérieux objets volants. Quelques mois après la diffusion de la deuxième vidéo, la marine américaine a reconnu que ses pilotes ont rencontré des "phénomènes aériens non identifiés". Aucune hypothèse n’a cependant été avancée pour expliquer ou identifier ces objets volants.
Voir la vidéo
sur YouTube à cette adresse :
https://www.youtube.com/watch?v=aRPalDb6PW4&t=97s
Dans la vidéo
Gimbal, les dialogues des pilotes sont audibles, l’un d’entre eux suppose que
le sujet observé pourrait être un drone. Concernant Go Fast et Gimbal, les
métadonnées des vidéos indiquent une même date de création en 2015 à des heures
très proches, ce qui amènerait à confirmer qu’elles sont issues d’une même
mission. De plus on peut également relever sur la droite des écrans de
visualisation des appareils, des marqueurs d’informations de vol identiques.
Ces vidéos sont très certainement des enregistrements authentiques, rien de ce
qui a été publié ne peut mettre en doute leur authenticité, mais leur
interprétation est encore sujet à réflexion.
Depuis la
première parution en 2017, plusieurs analyses techniques de spécialistes
aéronautiques et de pilotes de chasse donnent des précisions sur le décryptage
des informations visibles sur les écrans et certains en déduisent des
interprétations physiques possibles mais non confirmées : avions ou
ballons… et artefacts possibles liés aux conditions de prises de vues.
La publication
par le DoD de ces vidéos n’apporte pas vraiment d’informations complémentaires.
Les contenus sont identiques. Seules les durées diffèrent, à quelques secondes
près, et l’US Navy propose une qualité d’image supérieure. C’est la
déclassification, première fois pour un PAN, par le Pentagone qui est le
facteur d’importance de cette actualité plus que son contenu.
Pourquoi les vidéos sont-elles officialisées par le DoD ?
Le Département
de la Défense des États-Unis a justifié la diffusion officielle « de
manière à dissiper toute idée fausse du public sur la véracité ou non des
images qui ont été propagées ou sur le fait de savoir s’il y en avait ou non
davantage ».
« Après
une analyse minutieuse, le département a estimé que le partage autorisé de ces
vidéos ne révèle aucun système ou aucune capacité sensibles et n’a pas d’effet
sur d’éventuelles investigations à venir au sujet d’incursions de phénomènes
aériens non identifiés dans l’espace aérien militaire », a commenté la
Porte-parole du Pentagone, Sue Gough.
Les vidéos
diffusées sont donc complètes et non tronquées. Il faut noter que les
phénomènes aériens observés dans les vidéos restent caractérisés par le DoD
comme « non identifiés ».
Qu’entend-on par « non identifié » ?
Le DoD
n’utilise pas l’acronyme UFO (unidentified flying object), traduit par
Ovni (objet volant non identifié) en français. Il parle de « phénomène
aérien non identifié ». Le GEIPAN quant à lui utilise plus volontiers le
terme PAN (phénomène aérospatial non identifié).
Le PAN a
l’intérêt d’englober les Ovni, à priori des objets, mais aussi les phénomènes
qui ne sont pas nécessairement associés à des objets physiques. Il permet de
rendre compte d’une variété plus grande de phénomènes. L’examen des témoignages
et le résultat des enquêtes menées montrent que le terme Ovni est souvent
impropre. Dans la plupart des cas, les observations décrivent un phénomène
connu (astronomique ou météorologique) ou inconnu, sans preuve de la présence
d’un objet matérialisé. Le terme PAN peut aussi correspondre à des observations
d’objets tels que des aéronefs ou des satellites.
Le PAN, plus
neutre, ne fait pas référence à des hypothèses non vérifiables de type
paranormales ou extraterrestres, souvent sous-entendues dans les termes Ovni et
UFO.
Le terme
« non identifié » est sans aucun doute approprié en l’absence de plus
d’information sur ces vidéos. Les pilotes concernés, le DoD ou d’autres
analyses techniques apporteront peut-être à l’avenir des éléments
complémentaires pour leur interprétation.
Le GEIPAN peut-il apporter des éléments de réponses ?
Le GEIPAN est
un service du CNES. Il coopère avec d’autres institutionnels français (civil ou
de défense) et des organismes scientifiques qui apportent des informations
indispensables à ses investigations. Ainsi la mission principale du GEIPAN est
uniquement dédiée aux cas d’observations sur le territoire français. Il ne
traite que les cas déclarés, selon une marche à suivre précise, par des témoins
directs avec lesquels il peut entrer en contact si nécessaire. Il peut faire
appel à de l’expertise vidéo et photo, à des logiciels d’analyse mais
uniquement en complément de témoignages humains. Le compte rendu d’un témoin
direct est primordial pour analyser et comprendre le contexte et les conditions
réelles d’une observation, même associée à une vidéo ou photo authentifiée.
Concernant les
vidéos FLIR1, Go Fast et Gimbal, les contextes opérationnels précis des pilotes
et des vols ne sont pas indiqués. Pour ces observations le GEIPAN dans le cadre
de ses missions, exclusivement françaises, n’a pas les moyens ni les contacts nécessaires
pour accéder aux témoins et organisations susceptibles de donner les
informations complémentaires indispensables pour caractériser les phénomènes
observés.
Composé de
deux salariés et de deux supports techniques, Le GEIPAN s’appuie sur un réseau
d’enquêteurs et d’experts bénévoles français. Son positionnement au CNES lui
permet d’avoir des coopérations officielles avec les grands organismes publics,
de défense ou de recherche français. Ce n’est ni un service de surveillance et
d’alerte ni un service de sécurité. Principalement, il étudie des témoignages
humains de PAN qu’il met en parallèle avec des phénomènes aérospatiaux connus.
Il n’effectue pas de recherche sur les cas déclarés non identifiés.
Le GEIPAN
prend en compte les témoignages sur le territoire français et tente de répondre
à l’étrangeté perçue par un témoin direct, par rapprochement avec des
phénomènes naturels ou physiques connus, en vue d’un classement selon que
l’hypothèse d’explication est confirmée, probable ou non identifié. Dans
certains cas les informations disponibles sont inexploitables pour permettre un
classement. Le pourcentage actuel des cas français classés non identifiés,
après enquête du GEIPAN, est de l’ordre de 3,5 %.
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Roger Baldacchino Roger Baldacchino est né en 1958. Il est
diplômé de l’École d’Ingénieurs Télécom Paris Sud et titulaire d’une licence
EEA d’Électronique, Électrotechnique et Automatismes. Il a débuté sa carrière à France Télécom où il
a exercé de 1981 à 1991, comme Inspecteur Télécom d'exploitation du satellite
Telecom 1, puis comme Inspecteur Principal Télécom à l'audit Interne. Roger Baldacchino est rentré au CNES fin 1991. L'essentiel de sa carrière s’est exercé au
profit d'activités de responsabilités opérationnelles ou de gestion de projet
et sur plus de 100 lancements (ARIANE4, ARIANE5, SOYOUZ et VEGA). Il a tenu successivement différents postes
opérationnels au Centre Spatial Guyanais sur plus de 18 années (Responsable
Télécommunications, Responsable Localisation, Chef de station Ariane de
Libreville, Sous-Directeur Adjoint des Opérations, Sous-Directeur Adjoint
Protection Sauvegarde et Environnement). Entre ces périodes il a occupé au Centre
Spatial de Toulouse des fonctions de développements de moyens sols (satellite
de télécommunications STENTOR, chef de service de mise et maintien à poste de
satellites géostationnaires et du véhicule ATV, Sous-Directeur Adjoint
Développement Sol). Depuis 2017, Roger Baldacchino était le chef du
service "Sécurité de l'Information" du CNES, pour la mise en œuvre
de la cyber sécurité au profit des systèmes d'Informations des différents
centres du CNES. Pour rappel, les responsables Geipan sont choisis
suite à candidatures internes CNES (8 candidats en 2019). Il a été nommé en 2019 Directeur du Geipan. Il
quittera cette fonction en Novembre 2021 |
LE GEIPAN 2025
Actuellement et depuis le 15 janvier 2024, le GEIPAN est dirigé par Frédéric COURTADE.
Frédéric
Courtade a obtenu le diplôme de maîtrise en sciences de l'Université de
Toulouse, à Toulouse, en 1989. En 1991, il a rejoint le CNES et a dirigé le
laboratoire d'expertise interne pour l'analyse de la technologie et des
défaillances des composants électromagnétiques et électriques électroniques. Il
était chef du bureau des équipements du
CNES Toulouse, Centre spatial du CNES avant d’être nommé Directeur du GEIPAN.
Il est expert en technologie des composants pour Hi-Rel COTS, il a rejoint
l'équipe PURE pour l'évaluation des fournisseurs dans le monde entier. Ensuite,
il a mené de nombreuses études technologiques dans le domaine des MEMS et
d'autres dispositifs basés sur les micro- et nanotechnologies. De 2014 à 2020,
il est devenu gestionnaire d'instruments de la contribution française à la
charge utile JUICE (Jupiter ICyMoon Explorer) et a dirigé le programme français
de recherche et de technologie pour le développement d'instruments
scientifiques avancés pour la planétologie et l'exploration exobiologique. Il
dirige actuellement le GEIPAN au sein duquel il a été nommé le 15 janvier 2024.
Centre Spatial de Toulouse
GEIPAN - DTN/DA//GP
18 Avenue Edouard Belin
31401 Toulouse Cedex
Site Internet :
https://www.geipan.fr
Email : " geipan@cnes.fr
"
Directions successives du GEIPAN et des organismes
l'ayant précédé
Claude Poher : mai 1977 - juin 1979
Alain Esterle : juillet 1979 - février 1983
Jean-Jacques Velasco : mars 1983 - 2004
Jacques Patenet : 2005 - décembre 2008
Yvan Blanc : janvier 2009 - juin 2011
Xavier Passot : juillet 2011 - mars 2015
Jean-Paul Aguttes : mars 2016 - septembre 2019
Roger Baldacchino : septembre 2019 - novembre 2021
Vincent Costes : novembre 2021 - janvier 2024
Frédéric
Courtade : depuis janvier 2024





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