Débat
Il est temps que le monde universitaire comble le
manque de connaissances sur les ovnis
Dags för akademin att fylla kunskapsluckan om ufon
26 mai 2025
Source – traduction du Suédois – Informations complémentaires : https://www.tidningencurie.se/debatt/dags-for-akademin-att-fylla-kunskapsluckan-om-ufon
Le scepticisme à l'égard des ovnis a longtemps constitué un obstacle à
l'analyse critique et au développement des connaissances. Cependant, on observe
aujourd'hui un regain d'intérêt pour ce sujet, y compris au sein du monde
universitaire, ce qui est positif. Il est grand temps de mener davantage de
recherches pour contrer l'éclipse des connaissances dans ce domaine, écrit
Anders Warell, de l'Université de Lund.
Dans Winter in P1 (1er janvier 2025), Bodil Jönsson, physicien et ancien
professeur à l'Université de Lund, met en lumière un sujet d'actualité :
l'éclipse continue des connaissances de notre époque. Ces derniers temps, ce
phénomène s'est manifesté de plus en plus par une perte de confiance dans la
recherche, tant en Suède qu'à l'étranger. Pour contrer cette éclipse, Bodil
Jönsson souligne l'importance de l'expérience avérée et de la pensée critique
dans l'évaluation des affirmations sur la réalité.
Cela s'applique notamment à la question des PAN, ou « phénomènes
anormaux non identifiés » – ou OVNI, comme on les appelait auparavant. Il
s'agit donc d'observations d'objets anormaux dans l'air, la mer ou l'espace.
Les normes sociales et médiatiques font que la plupart des gens rejettent
instinctivement la possibilité que ces phénomènes soient réels. Cette réaction
témoigne de l'impact de cette occultation des connaissances. La stigmatisation
généralisée a longtemps freiné le débat public et la recherche universitaire
sur le sujet. Or, un sujet non étudié ne permet pas un développement sain des
connaissances. Le besoin de décrire, de comprendre et d'expliquer ce phénomène
est immense.
Ø Le risque de ne pas savoir ce qui se
passe dans l’espace aérien a des implications sur la politique de sécurité et
de sûreté de l’aviation.
Bien que le phénomène soit bien documenté depuis au moins les années 1940,
il n'existe toujours pas de réponses scientifiques claires à la question de
l'origine et des propriétés de ces objets. Ils ne peuvent être liés à aucune
technologie connue, ni militaire ni civile. Les connaissances actuelles en
physique et en ingénierie ne peuvent expliquer les propriétés, les
comportements et les schémas de mouvement documentés et vérifiés par radar,
enregistrement vidéo et observations visuelles.
Le risque d'ignorer ce qui se passe dans l'espace aérien a des implications
pour la politique de sécurité et de sûreté aériennes. Les efforts déployés par
les autorités pour enquêter sur la question en témoignent. Une audition sur les
PAN, au cours de laquelle des pilotes, entre autres, ont témoigné, s'est tenue
au Parlement européen à Bruxelles en mars 2024. Plusieurs auditions sur la
question des PAN ont eu lieu au Congrès américain depuis 2022. La plus récente,
qui s'est tenue le 1er mai de cette année, a réuni des membres du Congrès, des
chercheurs, ainsi que d'anciens conseillers à la sécurité nationale, des agents
et des agents du renseignement.
Ø Depuis plus de 80 ans, les spéculations
sur le phénomène se poursuivent, sans qu’aucune autorité ne prenne publiquement
la question au sérieux.
Les auditions ont montré que l'armée américaine a, au moins depuis les
années 1950, mis en place plusieurs programmes visant à acquérir des
connaissances et des objets physiques d'origine, de technologie et de finalité
inconnues. Ces programmes ont également eu pour mission de dissimuler et de
minimiser l'information sur le phénomène auprès du public pour des raisons de
sécurité. C'est là que réside une grande partie de l'origine de cette
stigmatisation généralisée.
Des programmes d’étude des PAN existent dans de nombreux pays, notamment en
Suède, où la FOA, puis la FOI, ont recueilli des rapports d’objets non
identifiés dans notre espace aérien depuis les années 1960.
Outre les aspects sécuritaires, les PAN représentent un problème humaniste
bien plus profond. Depuis plus de 80 ans, les spéculations sur ce phénomène
perdurent, sans qu'aucune autorité ne prenne publiquement la question au
sérieux. L'absence de réponses scientifiquement prouvées engendre des modèles
explicatifs alternatifs, qui ont un impact majeur sur la vie des individus et
sur le débat public. L'éclipse des connaissances s'accentue lorsque les
observations sont ignorées et les témoignages rejetés.
Ø Le fait que des roches tombent de
l’espace, un phénomène que nous étudions aujourd’hui scientifiquement sous le
nom de météorites, n’est devenu généralement accepté qu’au XVIIIe siècle.
L'histoire abonde d'exemples d'idées initialement rejetées, mais qui, grâce
à l'expérience et aux tests scientifiques, sont devenues partie intégrante de
notre compréhension de la nature. La vision héliocentrique du monde de Galilée
en est un exemple. La chute de pierres depuis l'espace, phénomène que nous
étudions aujourd'hui scientifiquement sous le nom de météorites, n'a été
généralement admise qu'au XVIIIe siècle. Le changement climatique a longtemps
été nié par beaucoup. Aujourd'hui, c'est un fait scientifique et ses effets
sont évidents pour la plupart d'entre nous.
Il est clair que ce phénomène représente un manque considérable de
connaissances, tant sur le plan scientifique que social. Il existe un potentiel
de nouvelles connaissances à ce sujet, notamment dans des domaines tels que les
technologies énergétiques, la physique et la science des matériaux. Un champ de
recherche interdisciplinaire examinant les aspects techniques, physiques,
sociaux, culturels et sécuritaires de ce phénomène pourrait offrir d'immenses
perspectives. Cette question a également des implications existentielles
directes : si ces objets ne nous appartiennent pas, à qui
appartiennent-ils et d'où viennent-ils ? Confirmer l'existence d'une forme
supérieure d'intelligence non humaine impliquerait un changement de paradigme
ontologique et épistémologique.
Cependant, certains signes indiquent que la situation évolue. Des groupes de recherche internationaux étudiant les PAN ont été créés, notamment à l'Université de Stanford, à l'Université Harvard et à l'Université de Wurtzbourg. Des articles à comité de lecture sur le sujet sont publiés dans des revues scientifiques de divers domaines, tels que l'histoire, le droit, la philosophie, la psychologie, la physique et la technologie. L'article de Curie, « Les OVNIs deviennent un sujet académique », souligne que la recherche d'une vie extraterrestre intelligente commence à être prise plus au sérieux par le monde universitaire.
Voir également : Les ovnis deviennent un sujet académique (Curie)
L'article met en lumière un cours universitaire de premier cycle à
l'Université de Linköping et un projet de recherche qui a récemment reçu un
financement du Conseil suédois de la recherche comme exemples de la manière
dont les choses commencent à évoluer en Suède également.
Ø L’absence de réponses scientifiquement
prouvées crée des modèles explicatifs alternatifs
Cependant, la contribution scientifique globale au domaine doit être
considérablement plus importante. Les groupes de recherche interdisciplinaires
ont besoin de soutien pour cartographier le phénomène, formuler des questions
et développer une méthodologie de recherche. Des cours de niveau élémentaire et
avancé, ainsi que des formations postdoctorales, sont nécessaires pour éclairer
ce phénomène. Des collaborations internationales doivent être établies pour
favoriser l'échange de connaissances et le réseautage.
Ne sous-estimez pas le rôle du monde universitaire dans le débat
public ! En combinant observations empiriques, longue tradition de
rapports sur le phénomène et nouvelles possibilités de collecte et d’analyse de
données de capteurs, la science peut faire progresser notre compréhension du
phénomène. Les preuves empiriques ne manquent pas. Des dizaines de milliers
d’observations sont rapportées chaque année dans le monde.
La recommandation de Bodil Jönsson d'utiliser notre expérience éprouvée et
notre propre esprit critique pour évaluer les affirmations sur la réalité est
tout à fait pertinente dans ce domaine. Il est grand temps de mettre fin à
l'éclipse des connaissances entourant les PAN.
Anders Warell,
Professeur de design industriel, Université de Lund -
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