Par YOHAN DOUCET
300 astronomes et astrophysiciens étaient cette
semaine à Montpellier pour évoquer un domaine que les satellites et les
télescopes ont révolutionné.
Était-ce parce que plusieurs siècles d’histoire les
contemplaient ? Toujours est-il que le gotha de l’astrophysique s’est laissé aller à la confidence, il y a quelques jours, dans la salle
du Conseil de la faculté de médecine de Montpellier. Là où, fortuitement, trône
le portrait d’un confident célèbre, François Gigot de Lapeyronie.
« On a trouvé beaucoup de planètes habitables. On va
bientôt trouver une planète habitée. »
Le propos de Xavier Delfosse, astronome à Grenoble,
maintes fois entendu depuis que la science est aussi fiction, aurait pu passer
inaperçu. Mais le mot “bientôt” change tout.
A l’heure où l’astrophysique et l’astronomie font leur
révolution, grâce à des outils - satellites, télescopes - toujours plus
performants, ce qui n’était hier qu’un doux rêve flirte aujourd’hui avec la
réalité.
« Deux mille candidates... » Aurélien Crida,
astrophysicien
Pour Aurélien Crida, enseignant-chercheur à
l’Université de Nice, le passage « à l’échelle industrielle » des observations
va accélérer les découvertes majeures : « Il y a dix ans, on ne connaissait
qu’une vingtaine d’étoiles autour desquelles pouvaient tourner en orbite des
exoplanètes (1).
Aujourd’hui, nous avons plus de deux milles
candidates... Au rythme où vont les techniques, ce n’est plus seulement des
planètes telluriques habitables que nous allons découvrir mais des planètes
habitées. Je pense que dans les dix prochaines années, on dénombrera plusieurs
planètes au sol solide et à la bonne distance de son étoile pour accueillir la
vie. Et d’ici vingt ans, on pourra analyser leur atmosphère, détecter
l’ozone... » La vie, en somme.
Une luciole sur un phare
Évidemment, ces avancées ne s’observent pas à l’œil nu
ou avec une simple lunette astronomique. Le satellite Kepler, lancé en mars 2009 par la Nasa, scrute la galaxie avec une
précision qui étonne même les chercheurs : « C’est comme si je voyais, de
Montpellier, une luciole posée sur un phare à New York. »
Ça, c’est pour l’observation directe. Mais les
scientifiques utilisent aussi des spectrographes si « fins » qu’ils
parviennent, indirectement, à mesurer le mouvement de planètes, même s’il est
beaucoup faible que le mouvement de son étoile : « Aujourd’hui, on trouve des
planètes de moins en moins massives, dont la vitesse n’excède pas 10 cm/seconde
(moins d’1 km/h). »
La terre n’est donc plus une exception.
Les « conditions initiales » de la vie, au moins unicellulaire,
se sont répandues dans notre galaxie. Reste à découvrir une forme complexe. Ce
n’est plus qu’une question de temps.
(1) Une exoplanète est une planète en orbite autour
d’une autre étoile que notre soleil.
L'article du Midi libre: http://www.midilibre.fr/2013/06/08/montpellier-bientot-une-planete-habitee,713032.php
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