Les fusées fantômes en 1946 : le point
En 1946, une série d'observations de « fusées fantômes » (suédois : Spökraketer) – des objets volants non identifiés en forme de fusées ou de projectiles – furent signalées, principalement en Suède et en Finlande. Les premiers signalements apparurent le 26 février, et entre mai et décembre, environ 2 000 furent signalés, dont 200 furent confirmés par radar. Nombre de ces observations furent attribuées à des météorites, mais certains objets semblaient se déplacer d'une manière qui excluait l'hypothèse météoritique. On supposa également qu'il s'agissait d'essais de technologie de fusée soviétique, mais ces essais restèrent non plus incertains. De plus, les objets présentaient des caractéristiques incompatibles avec celles des fusées : absence de traînées d'échappement, déplacement trop lent, vol horizontal, manœuvres en formation et silence.
De nombreux signalements firent état de chutes d'objets dans des lacs. L'armée suédoise tenta des recherches, mais seules des traces sur le fond marin, sous forme de cratères ou de végétation détruite par l'impact, furent découvertes. Le 19 juillet 1946, le cas le plus célèbre se produisit : un objet aperçu par des témoins tomba dans le lac Kölmjärv, mais trois semaines de recherches restèrent sans résultat. Le Service de défense nationale suédois confirma que certaines des observations étaient de « véritables objets physiques », mais leur origine ne put être déterminée. Les États-Unis manifestèrent également leur intérêt pour l'affaire. Les généraux Jimmy Doolittle et David Sarnoff se rendirent en Suède pour enquêter sur ces rapports. L'USAFE 14 nota que certains enquêteurs suédois soupçonnaient que les « fusées fantômes », puis les « soucoupes volantes », pourraient être d'origine extraterrestre.
Des observations de « fusées fantômes » furent également signalées en Grèce en 1946, ainsi que dans les pays scandinaves. Les forces britanniques près de Thessalonique signalèrent également des objets similaires. Le Premier ministre grec Konstantinos Tsaldaris confirma que ces objets avaient également été observés au-dessus de la Macédoine début septembre. À la mi-septembre, le phénomène fut également signalé au Portugal, en Belgique et dans le nord de l'Italie. La Grèce a mené sa propre enquête, sous la direction de l'éminent scientifique et physicien Paul Santorini. Santorini, accompagné d'une équipe d'ingénieurs de l'armée, a examiné ces objets, initialement pris pour des missiles soviétiques. Ils ont rapidement déterminé que les objets observés n'étaient pas des missiles. Cependant, avant de pouvoir poursuivre l'examen, l'armée, après consultation de responsables étrangers (probablement du ministère américain de la Défense), a ordonné la cessation de l'enquête. Santorini a ensuite expliqué aux ufologues que la décision de taire l'affaire découlait des inquiétudes des autorités quant à la possibilité de technologies contre lesquelles nous ne disposons d'aucune défense efficace.
EN BREF, LE PROBLEME :
Les « fusées fantômes » de 1946 (en anglais ghost rockets) désignent une vague d’observations mystérieuses qui ont eu lieu principalement en Suède et dans d’autres pays d’Europe du Nord (Finlande, Norvège, Danemark) entre mai et décembre 1946. Voici les détails essentiels :
Contexte historique
L’Europe sortait tout juste de la Seconde Guerre mondiale.
Les Allemands avaient développé les V2, premiers véritables missiles balistiques.
L’URSS comme les Alliés tentaient d’en récupérer la technologie.
Beaucoup craignaient que ces observations ne soient liées à des tests secrets de fusées ou à de l’espionnage soviétique.
Les observations
Entre 1 000 et 2 000 signalements ont été enregistrés, la majorité en Suède.
Les objets décrits :
Forme allongée, comme un missile ou un cigare.
Certains semblaient laisser une traînée lumineuse.
Déplacements rapides, parfois silencieux.
Quelques témoins affirmaient avoir vu des objets plonger dans des lacs (d’où des recherches militaires sous-marines, sans résultats).
Contrairement aux soucoupes volantes plus tardives, ces engins étaient souvent décrits comme « matériels », pas seulement lumineux.
Enquêtes officielles
L’armée suédoise a pris le phénomène très au sérieux.
Le Service de Renseignement suédois (FRA) et l’Armée de l’air ont collecté des témoignages et mené des recherches.
Des missions de plongée dans certains lacs (notamment le lac Kölmjärv) n’ont trouvé aucun débris.
Les autorités ont envisagé plusieurs hypothèses :
Missiles soviétiques testés à partir de la zone de Peenemünde reprise par l’URSS.
Phénomènes naturels (météores, bolides).
Surestimations ou illusions dues à la nervosité de l’époque.
Hypothèses et débats
Météores : coïncidence avec les pluies de météores d’été (Perséides). Mais beaucoup de rapports mentionnent des trajectoires horizontales, incompatibles.
Missiles soviétiques : plausible vu l’époque, mais aucun débris ou impact n’a jamais été confirmé.
Ovnis / phénomènes inconnus : certains ufologues voient dans les fusées fantômes une première vague d’observations modernes avant les « soucoupes volantes » de 1947 aux États-Unis.
Importance historique
Première vague d’ovnis « modernes » documentée avant Roswell (1947).
A montré que les gouvernements européens prenaient déjà ces phénomènes au sérieux, par crainte d’une menace technologique étrangère.
Reste non résolue à ce jour : ni météores seuls, ni essais de missiles soviétiques n’expliquent totalement la vague.
Chronologie des « fusées fantômes » (1946)
Mai 1946
- 9 mai – Finlande : premiers rapports d’objets allongés traversant le ciel à grande vitesse. Les journaux locaux parlent de « fusées mystérieuses ».
- Mai (mi- mois) – Suède : premières observations au-dessus de Stockholm et Göteborg. Les témoins décrivent un objet fusiforme, silencieux, laissant parfois une traînée lumineuse.
Juin 1946
- 12 juin – Laponie (nord de la Suède) : observation d’un objet métallique en forme de torpille, volant horizontalement sans bruit.
- Fin juin – Uppsala (Suède) : plusieurs habitants signalent un engin en forme de cigare traversant lentement le ciel.
Juillet 1946 (le pic des observations)
- 9 juillet – Finlande : un objet « semblable à une torpille » est vu plongeant dans un lac. L’armée finlandaise enquête, sans retrouver de débris.
- 14 juillet – Luleå (nord de la Suède) : observations multiples d’objets allongés, certains semblant exploser en silence.
- 19 juillet – Helsinki (Finlande) : objet argenté vu en plein jour par plusieurs civils et militaires, laissant une traînée blanche.
- 19–20 juillet – Stockholm (Suède) : série d’observations en soirée ; la presse commence à parler de « fantômes du ciel ».
- 21 juillet – Estonie (URSS à l’époque) : rapport d’une fusée vue traversant le ciel depuis la côte baltique.
- 26 juillet – Lac Kölmjärv (nord de la Suède) : un engin cylindrique est vu plonger dans le lac par plusieurs témoins. L’armée suédoise lance une opération de plongée militaire : aucune trace ni débris retrouvés.
- Juillet (fin) – Danemark & Norvège : les premières observations se déplacent vers la Scandinavie occidentale.
Août 1946
- 4 août – Oslo (Norvège) : observation par des pilotes civils d’un objet fusiforme brillant, se déplaçant à grande vitesse.
- 9 août – Trondheim (Norvège) : engin en forme de cigare observé plusieurs minutes, se déplaçant en zigzag.
- 11 août – Sud de la Suède : vague d’observations simultanées (plus de 100 signalements en une journée).
- 15 août – Stockholm : deux objets cylindriques traversent la capitale en plein jour. Observés par des centaines de personnes.
Septembre 1946
- 8 septembre – Finlande (région de Tampere) : observation d’un objet plongeant vers le sol puis disparaissant, sans explosion.
- 10 septembre – Oulu (Finlande) : engin brillant en forme de torpille, traînée lumineuse observée par des militaires.
- 19 septembre – Danemark : objet fusiforme à très haute altitude, vu au-dessus de Copenhague.
Octobre–Décembre 1946
- Les signalements deviennent plus sporadiques, mais persistent jusqu’à l’hiver.
- Novembre – Norvège : dernières observations notables, souvent interprétées comme des météores.
Bilan
Environ 1 000 à 2 000 rapports officiels collectés en Suède et pays voisins.
Juillet–août 1946 = période de pic, avec jusqu’à plusieurs dizaines de signalements par jour.
Zones les plus touchées : Suède (surtout le nord), Finlande, Norvège, parfois Danemark.
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